Le chef du gouvernement, devant les députés, lors du vote de la prorogation de l’état d’urgence pour 12 mois supplémentaires, a fait des déclarations qui continuent de faire de vagues dans le pays dont il serait superfétatoire d’y revenir ici. En voulant éteindre l’incendie, le Professeur Magesté Nazoba Ihou Watéba, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, en rajoute aux polémiques.
En effet, l’universitaire était sur une radio privée de la place ce lundi pour poursuivre sa mission, celle de convaincre ses compatriotes que le Premier ministre n’a jamais dit que les vaccins anti-covid-19 seront utilisés. « Vous faites un discours d’une heure de temps, on prend une séquence de 30 secondes qu’on enlève du contexte et on fait du n’importe quoi », déplore-t-il.
« Je préfère dire la vérité et être libre que de reconnaître la vérité et en souffrir de ne pas pouvoir l’exprimer. J’étais assis derrière Madame le Premier ministre. Elle a fait son discours qui était élogieux, magistral, brillant. Je n’ai même pas manqué de lui faire des éloges. Cette dame est d’une intelligence inégalée. Ce n’est pas par hasard qu’elle est Premier ministre. Je vais vous dire la vérité. Quand madame a fini de dérouler sa communication, c’est alors qu’un député a pris la parole et a dit que Madame, après vous avoir écouté, on sent que l’heure est grave. Et qu’il y a nécessité aujourd’hui de dire la vérité qui fait peur pour que les gens se ressaisissent davantage. C’est là que le Premier ministre a repris en disant, Monsieur, vous avez raison, il faut parfois dire la vérité même si ça fait peur. C’est ça le contexte. Elle n’a pas dit que je vais vous peur. Madame n’a jamais dit ça », insiste l’autorité politique, regrattant que beaucoup ont déformé les déclarations de Victoire Tomegah-Dogbé à l’Assemblée nationale.
Selon toujours le Professeur Magesté Nazoba Ihou Watéba tout employé de l’Université qui refuse de se faire vacciner contre la Covid-19 sera contrait de rester chez lui jusqu’à la fin de la pandémie. Une sorte de menace qui passe mal.
Gerry Taama, le député cité par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, n’a pas perdu du temps pour le contredire. Et de façon sèche, sans concession.
Dans une publication titrée « Non, un ministre ne devrait jamais parler comme ça », consultable sur les réseaux sociaux, le président du Nouvel engagement togolais (NET) s’étonne : « Comment peut-on dire à des fonctionnaires, dont des universitaires émérites, que toutes personne contrôlée non vaccinée peut rester à la maison jusqu’à la fin de la pandémie. On peut parler comme ça à des fonctionnaires, pères et mères de familles, et de surcroît de services universitaires ? Moi je dis non. Il faut qu’on se respecte un peu ».
Et l’homme politique qui se réclame de l’opposition de tacler : « Personnellement, je n’ai rien contre ce ministre. Il y a quelques années, il frayait avec nous dans l’opposition. La Covid-19 est venue bousculer un peu les cartes. Mais il ne faut pas non plus être plus royaliste que le roi. La communication du gouvernement fait plus preuve d’empathie et de respect de la personne humaine. C’est nous les opposants qui pouvons parler wouya wouya comme ça, car nous ne sommes dépositaires d’aucun pouvoir d’Etat. Un ministre est avant tout un serviteur du peuple d’où il tire sa légitimité. Et à de si hautes positions, l’humilité, la recherche de l’adhésion et de l’inclusion devraient guider l’action de tout grand commis d’Etat ».